Vers le Hielo PhotosVers la frontière Argentine Photos
Quelques trucs pratiques
Pas de gros problème pour organiser ce type d'expédition, à part:
L'excédent bagage
qui peut coûter une véritable fortune (60 Euros le kilo A/R). Une seule solution, le fret. Nous avons utilisé GSI (coordonnées ci-dessous à l'aller), spécialiste des destinations sud américaines et DHL au retour (plus coûteux mais très facile à contacter au Chili)
Les transports locaux
Minibus très efficaces sur la Carreterra Austral et vers les principales agglomérations, mais absolument inexistants ailleurs (il faut dire qu'il n'y pas de route, seulement quelques pistes dans le meilleur des cas). Vers la Laguna San Rafael, contrairement à plusieurs indications, il n'y avait plus aucune liaison par bateau au mois de mars.
Météo
Aucun problème, c'est n'importe quoi! des vents de force 5/6 peuvent se lever en quelques minutes, durer de quelques heures à quelques jours et tomber tout aussi soudainement, sans qu'il soit évident de lier leur arrivée à des évolutions de pression ou à des nuages annonciateurs de perturbations. Sur les fjords et les lacs, les vagues lèvent instantanément (elles retombent tout aussi vite avec le vent) et la navigation devient vite très aléatoire... ou impossible avec le vent de face.
En détails
Pas de problème pour récupérer les kayaks qui nous attendaient sagement à la douane de
Coyhaique. Nous nous sommes ensuite rendus à Puerto Aysen pour démarrer vers la laguna de
San Rafael et son célèbre glacier marin. Un peu de navigation paisible sur un bras de rivière et
nous sommes tout de suite entrés dans le vif du sujet avec vagues et fort vent d'ouest. Bien
évidemment nous n'avions pas mis les jupes et comme j'avais chargé le kayak comme un
gougnafier, il penchait vers l'arrière (qui n'est pas étanche...); résultat après avoir embarqué une
première vague qui a fini de faire traîner l'arrière dans l'eau, le kayak s'est rempli et il a fallu
s'arrêter au fond du fjord. Problème pour repartir et surtout pour avancer avec 40 km/h de vent
de bout. Finalement, le lendemain, on a rallié Chacabuco (3,5 km à vol d'oiseau) en ramant
ferme. 1ère conclusion: 60 km juste pour sortir du fjord, contre le vent dans ces conditions,
bof... A part ça, paysages magnifiques: forêts, montagnes, glaciers. Il y avait aussi un autre
problème sournois qui nous intriguait: comment se procurer de l'eau douce lors d'une navigation
en mer, alors que les vents ne garantissent pas qu'il soit possible de rallier un cours d'eau tous
les jours...
Nous nous sommes donc repliés vers le lac du Général Carrera, à cheval entre Chili et
Argentine, et couvrant un bassin de 150 km sur 50 km environ, allant des fjords creusés par les
glaciers côté ouest jusqu'à la pampa Argentine côté est. Le gros avantage est que le lac est
bordé de pistes et que l'on peut donc prendre un "remonte pente" si on se fait scotcher par un
fort coup de vent.
Départ de Puerto Murta, rivière, puis entrée sur le lac avec 40 km/h de vent, arrière cette fois.
Navigation très difficile (les vagues sont extrêmement courtes et quand on descend de l'une on
plante fréquemment tout le pontage avant dans la suivante). On finit par atterrir sur une plage
sympa avec une petite ferme. Il y a peu de plages sur le pourtour du lac et il y a toujours une
ferme sur ces plages-là car les premiers occupants, ne pouvant arriver que par voie d'eau, se
sont posés où ils pouvaient, comme nous. La piste (carreterra austral) ne date que de quelques
années. La nuit, le vent forcit encore un peu et, pour le lendemain, la navigation est encore pire,
tellement que je finis par me retourner! pas possible de remonter sur le kayak; un peu de dérive
et de brasse pour rejoindre le rivage où Jean François a pu atterrir de façon un peu précaire
pour m'attendre. On repart pour s'arrêter plus loin sur une plage sous le vent d'où il est difficile
de repartir. L'anémomètre donne 65 km/h dans les rafales (ce qui fait quand même force 8 sur
l'échelle de Beaufort). Un vrai bonheur! On commence à monter le camp et au moment d'aller
faire le plein d'eau, surprise: plus de vent ni de vagues. Tout s'est arrêté en 10 minutes!
On commence à maîtriser la météo du pays: quand il fait beau, le pire se prépare; quand c'est
la tempête, il faut se dépêcher, le beau temps est proche...
Le lendemain, navigation sans encombre (un peu de vent, un peu de pluie, mais quand il pleut il
n'y a pas de vent). Découverte des grottes de marbre, absolument magnifiques, sculptées par
l'érosion dans les falaises du bord du lac. On fait un peu de spéléo avec les kayaks (sans
blague!!! 2 kayaks bout à bout dans la même grotte et on n'a même pas vu le fond de la grotte)
La navigation se poursuit ensuite sur plusieurs jours sur le lac Bertrand, puis sur le lac Plomo
(condor, cygnes à col noir, paysages magnifiques de glaciers suspendus au-dessus du lac,
perspectives sur le Hielo Norte et le massif du Saint Valentin...). Vent pas trop calamiteux,
malgré quelques poussées de fièvre... Rencontre avec un Américain qui vit au bout du lac
Plomo où il élève des chevaux et propose des randos équestres aux touristes (l'endroit n'est
accessible qu'en bateau). Retour vers le lac Carrera... et de nouveau le vent et le mauvais
temps. Après une journée de navigation pénible, nous nous retrouvons sur la rive sud du lac.
Plusieurs journées de navigation exposée sous des falaises permettraient de rejoindre Chile
Chico d'où un bac ramène à la côte nord . Nous décidons de plier les gaules et les kayaks et
d'aller directement sur un autre site au nord est du lac, vers la frontière Argentine.
Une journée de minibus sous une pluie battante pour rejoindre Cerro Castillo.
Le lendemain... tempête de ciel bleu. Pas un nuage, pas de vent. Vues époustouflantes sur le
massif du Cerro Castillo qui n'a pas grand chose à envier aux aiguilles de Cham. Nous
décidons d'en profiter pour rejoindre le lac Carrera en descendant le rio Ibañez, "muy tranquillo"
aux dires des experts locaux. Navigation de rêve sur des kilomètres puis un premier passage
étroit. Arrêts sur des plages, reconnaissances à pied jusqu'à voir la plage suivante. Tout va
bien. Traversée d'un grand lac au milieu de milliers de gravillons de pierre ponce crachés par le
volcan Hudson, puis nouvelle étroiture, plus suspecte que la précédente... reconnaissance à
pied et ça ne passe plus du tout; c'est le célèbre Salto del Rio Ibañez! On organise le portage,
sans démonter les kayaks, en 3 aller retours.
Le jour suivant: le nirvana... pas un nuage, pas un souffle de vent. 40 km dans la journée sur un
lac transformé en miroir. On sort de la baie où nous nous trouvons pour retrouver le lac Carrera,
admirer la pampa Argentine et le massif du Jeinimeini au sud du lac. Pour camper, nous
décidons de revenir dans la baie. C'est une bonne idée, car sitôt le soleil couché, en 5 minutes,
le vent se lève et les vagues aussi: 40 km/h établi sans le moindre arrêt!
Nous sommes à la fin du séjour; il faut rentrer mais ça n'émeut pas le vent qui ne bouge pas.
Après une bonne demi journée d'attente, on part finalement face au vent, puis 3/4 travers. Ce
sont nos plus grosses vagues: 1,5 mètre (quand elles arrivent, il faut lever les yeux pour en voir
le la crête); à 20 mètres l'un de l'autre, on se perd parfois de vue... Plus on approche de la
ferme qu'on vise et où arrive une piste, plus le vent forcit. Finalement, de guerre lasse, je vise
une plage accueillante où je m'arrête; Jean François atterrit à quelques centaines de mètres
plus loin, sur une autre plage, encore moins abritée... L'anémomètre donne des rafales à 70
km/h!
Nouveau portage pour rejoindre la ferme et la piste. 2 aller retours en démontant les kayaks. A
la ferme nous rencontrons quelques personnes bien sympas qui nous ramènent au village (mais
presque tout le monde est sympa et serviable en Patagonie).
Ce coin semble être le paradis des condors. Il y a également plus de lièvres que je n'en avais